Au cœur de la course
Marathon de Berlin - 25/09/2016
by Remi Vielle
Petit (gros) compte rendu de ce week end sportif !
Réveil Dimanche matin 06h, après une nuit passable et un léger
mal de crane, type gueule de bois, sauf qu'il n'y a pas eu
d'alcool la veille... ça démarre bien. Note n°1: poser son
vendredi avant le marathon.
06h15, direction le petit déjeuner, solide, mais pas
pantagruélique, c'est trop tard pour combler un déficit de
calories. Le mal de crane se dissipe avec une grosse tasse de
café. Tous les matinaux, en ce dimanche matin dans le restaurant
de l’hôtel, sont tous plus ou moins fermés, concentrés sur la
course à venir. On croise tous les spécimens, du morpho-type
marathonien colombien au géant allemand blond baraqué en passant
par Yoann Stuck... Il fait encore nuit noire dehors. Le ciel est
dégagé.
06h45, retour à la chambre, dernières vérifications et
protections, je passe la tenue de gladiateur, m'hydrate bien avant
de partir.
07h00, poncho du Marathon de Paris 2016 à la main dans le hall de
l’hôtel, je croise un français de Cergy pour qui c'est la première
participation à Berlin. Direction le métro, Wittenberg platz. On
croise encore d'autres français sortant des autres hôtels sur le
chemin. Ne voulant pas faire la même erreur que l'an dernier, je
descend directement à Potsdamer Platz avec le groupe, on discute
des expériences, ambitions pour la course. Première révélation
d'avant course, j'ai enfin mis un nom sur ces avenues
interminables en 2x3 voies qui m'avaient tué l'an dernier au 37e
km: Potsdamer Strasse !
07h30: le groupe se disperse dans les consignes, ayant tous des
numéros totalement différents.
07h45: direction le sas E, le dernier de la vague 1. Les premiers
effets du café et de la grande rasade d'eau de la dernière heure se
font sentir... et ce n'est que le début.
08h20: démarrage de l'échauffement en douceur, je croise un autre
français de Normandie. Je finis par remarquer qu'un solide
contingent de français occupe le sas en fait.
Le speaker fait le show, l'ambiance monte petit a petit, les vidéos
des faits marquants des années précédentes passent, derniers
conseils du staff médical avant les premiers départ.
09h15, les élites sont partis, le sas devant moi commence à avancer
doucement, la sono monte, 09h18 c'est parti !
Le premier kilo est blindé, mais finalement assez fluide, je me
modère "ne part pas trop vite!", "ne part pas trop vite!". Je vois
le normand devant moi à 50-80m. Je m'installe dans la zone cible, Z3
au cardio, entre 04:40 et 04:30 du kilo. Je déroule les premiers
kilo sur ce rythme, aux sensations, mais l’œil aussi attentif au
chrono pour ne pas me laisser emporter par l'enthousiasme de la
foule. Instantané a 04:15. Lève le pied bon sang!!!
5km, premier ravito de la foule, je trace ma route, avale le premier
gel et continue.
10km, second gel avant le 2e ravito en eau de la course, je trace
encore ma route, je passe en 45min, la montre annonce 03:11 en
projeté... on se calme... mais ça part mieux qu'à Paris 6 mois plus
tôt qui annonçait 03:07 !?!
15km, 01h08, je ne vois plus le normand. Troisième gel, toujours en
cadence et aux sensations entre 04:30 et 04:40. Je me sens facile,
ça fait 5km que je claque les mains des gamins. La projection
s'oriente à la hausse, c'est mieux... 03:13.
20km, autour de 1h30, j'attrape un verre d'eau pour ne pas trop
entamer mon bidon derrière, j'ai déjà vidé la poche de 500cc à la
main. Échec. Impossible de boire dans ces fichus verres en
plastique. A peine 1 gorgée passe en courant. Je balance le verre et
continue ma route. Je commence à me dire que 03h15 c'est peut être
pas si déconnant... Reste fidèle au plan !! Reste fidèle au plan !!
22km, ça y' est le café et l'eau froide du verre font effet... il
faut que je me soulage, mais aucun toilette en vue sur la course.
24km, un parc ! Sauvé ! Je ne suis pas le seul à avoir la même idée.
25km, quatrième et dernier gel, toujours facile en 04:30-04:40. La
foule est dans son rythme de croisière maintenant. Je pense avoir
repoussé le mur assez loin avec ces 4 gels et me dit que ça va le
faire...
27km, première alerte du mollet droit... je pense à une crampe, mais
rien, je continue.
30km ! La où tout a commencé à foirer l'an dernier... Je passe plus
sagement, pas conquérant du tout... ce bidon de 700cc va être trop
juste... les premières victimes du marathon commencent à tomber.
32km, un point de côté commence à apparaitre... lève le pied, ça va
passer... je descend a 04:45-04:50, ça fini par s'estomper.
34km, mais je reconnais ! La concession BMW ! Kurfürstendamm ! La
montre annonce toujours 03:14 !?! Pas possible, ça va craquer, ça va
craquer!
35km, Wittenbergplatz ! Tu y es presque ! Essaie d'accélérer pour
voir ? Mais ça répond ! T'emballes pas. Reste fidèle au plan ! Reste
fidèle au plan !
36k, le stand Redbull. N'y penses même pas.
37k, j'attaque Potsdamer Strasse dans de bien meilleures conditions
que l'an dernier, ou pas. Étourdissements qui apparaissent a 38k...
tu vas pas faire un malaise maintenant mec ! Tu marches, t'hydrates
et repart! Les 03h20 sont toujours à portée !
39k. Mais pourquoi tu t'es arrêté !?! Jambes en bois. 05:10. Bon OK
tu carbures par rapport à l'an dernier. Fait chier! Fait chier !
T'aurais du prendre 6 gels. Un pour le 30k, et un autre autour pour
la jonction du 35k !
40k, tiens, on passe près de Gendarmenmarkt ? C'est bientôt fini !
03:08:45... ça s'annonce chaud pour les 03h20 compte tenu de l'écart
GPS/tracé.
41k, je commence à apercevoir le quadrige de la porte de
Brandebourg... Purée mec, t'es en train de claquer un PR !! T'es en
train de claquer un PR ! Regarde tous les macabés autour de toi! Tu
finis solide ! Les frissons qui montent, les yeux qui commencent à
s'embuer...
42k, la porte de Brandebourg devant moi ! Ça fait 800m que les
jambes répondent mieux, 03h20 c'est définitivement mort... mais tu
claques un PR bonhomme !
42.195k, 03:23:48 ! La délivrance ! Souris aux caméras de
l'organisation ! Berlin tu es magique ! Profites! Oh que j'ai envie
de revenir! Mais pas tout de suite :-)